Bière d’abbaye "vivante"

Benoît Humblet s’occupe du brassage et Alain Pinckaers de la vente. "J’avais la chance de parler plusieurs langues. C’était un atout pour mes activités de commercial. Cela m’a permis de faire grandir la brasserie", poursuit ce natif de Fourons, commune située aux confins des Pays-Bas et de l’Allemagne. Les deux fondateurs unissent leurs efforts pour l’embouteillage. "Je ne m’occupais pas du brassin, sauf lorsque Benoît était en congé. Il m’expliquait ce que je devais faire".

En 2001, l’installation est renouvelée. L’embouteillage sort ensuite des murs : il est effectué dans le zoning de Chaineux.

Alain Pinckaers reconnaît qu’il aurait été plus simple et plus efficace d’installer toute la chaîne de production en dehors de l’abbaye, où il est difficile de repousser les murs. "Pour nous, l’authenticité était un critère important. Brasser dans un zoning n’a jamais été notre optique car il n’y a pas d’âme." A l’abbaye du Val-Dieu, c’est bien le cas, d’autant que des moines étaient encore présents dans l’enceinte en 1997, aux premiers temps de la brasserie.

Cela donne une nouvelle idée à Alain Pinckaers : que sa bière d’abbaye prenne l’appellation de trappiste. Le projet ne verra pas le jour, car les moines cisterciens de l’abbaye ne sont pas de l’ordre de la stricte observance. Les trois derniers moines ont quitté l’enceinte en 2001.

L’abbaye n’en reste pas moins "vivante" sur le plan religieux, ce qui permet à la brasserie de pouvoir se prévaloir d’être la seule bière "brassée dans une abbaye où il y a encore une communauté chrétienne". Val-Dieu peut donc prétendre au titre de "la plus trappiste des bières d’abbaye".

Les consommateurs sont-ils sensibles à ce caractère d’authenticité ? "Les gens commencent petit à petit à le savoir. Et puis, de plus en plus d’amateurs de bières spéciales se renseignent sur ce qu’ils achètent. Si vous aimez les bières spéciales, vous aimez l’authenticité. Mais l’authenticité ne suffit pas, il faut aussi une bière de qualité", remarque encore Alain Pinckaers, qui reste le seul membre fondateur depuis le départ de Benoît Humblet, en 2013.

Partenariat

La brasserie continue de vouloir aller de l’avant, avec une rénovation d’une partie des bâtiments et l’installation de nouvelles cuves de brassage. Un investissement de près de cinq millions d’euros, sur fonds propres, alors que l’actionnariat de la brasserie s’est élargi depuis 2015.

Cette nouvelle installation doit permettre de pousser à l’exportation. D’une part parce que la production pourra atteindre 40 à 50 000 hectolitres, contre les 20 000 attendus cette année. Et parce que le nouvel outil "va permettre à la bière de se garder plus longtemps".

L’Abbaye sera aussi un atout commercial. "Lorsque nous avons convaincu un prospect asiatique de venir nous rendre visite, nous sommes presque certains de conclure un contrat car nos invités sont subjugués par le site." Brasserie et Abbaye travaillent main dans la main dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. "Nous avons grandi avec eux et eux avec nous".

En quelques dates

Alain Pinckaers est né le 13 novembre 1962 à Rémersdael, fils de Hubert Pinckaers (1929-2001) et Clothilde Lahaye (1929-2020).

1981-1983 : études de commerce en cours du soir à l’Institut Sainte-Marie à Liège.

1983-1997 : Alain Pinckaers reprend le commerce de son père et l’élargit ensuite en grossiste de produits laitiers.

Depuis 1997 : à la tête de la brasserie de l’Abbaye du Val-Dieu.