Un siècle d'autonomie communale

 
 

Nous consacrons cette dernière notice à examiner les réalisations effectuées au cours de ce siècle d'autonomie administrative par l'édilité communale, sous l'impulsion de différents bourgmestres qui l'ont présidée, et à passer rapidement en revue les faits les plus saillants qui se sont déroulés dans la localité durant cette période.

Le premier bourgmestre de Rémersdael, Nicolas Grégoire, décéda le 2 juillet 1855 et eut pour successeur, par arrêté royal du 31 octobre de la même année, l'échevin Adolphe‑Théodore Talbot, qui exerça ces fonctions durant 32 ans, jusqu'à sa mort, le 4 mai 1887. Le 14 janvier 1888, le baron Clément de Furstenberg fut nommé à cette charge, qu'il remplit également pendant près de 39 ans. Après son décès survenu le 3 novembre 1926, son fils, le baron Adolphe de Furstenberg, fut appelé à lui succéder par arrêté royal du 6 juillet 1927, et il administra de même la commune l'espace de 23 ans, étant décédé le 2 juin 1950. De 1855 à 1950, soit en 95 ans, Rémersdael n'a donc eu que trois bourgmestres. M. Léon Hollands, nommé par arrêté royal du 2 août 1950, préside actuellement à ses destinées.

Le Conseil communal installé le 23 novembre 1853 était composé des membres ci‑après : Nicolas Grégoire, bourgmestre ; Théodore Talbot et Jean Smets, échevins ; Jacques Putters, Jean Brée, Chrétien Stévens et Guillaume Xhonneux, conseillers. Le renouvellement de cette assemblée n'a jamais mis qu'une seule fois en opposition des intérêts locaux et Rémersdael est toujours demeuré à l'écart des luttes politiques.

Le 29 décembre 1853, le Conseil proposa comme secrétaire communal Jean-François Lintermans, instituteur dans la localité, qu'il présenta dans les formes voulues le 5 janvier 1854 et qui fut nommé par le gouverneur de la province le 17 juin suivant. Il entra en fonctions le 7 juillet 1855 et exerça cette charge jusqu'à son décès, le 16 avril 1881. Son successeur fut Michel Renkens qui, désigné provisoirement par le Collège échevinal le 18 mai 1881, fut nommé par le Conseil le 6 juin 1882, nomination approuvée le 21 du même mois par la députation permanente du Conseil provincial. Il démissionna le 10 décembre 1912 et fut remplacé le 28 par Henri Lintermans, instituteur, fils du premier nommé. En juin 1922, celui-ci dut, pour cause de maladie, abandonner ses fonctions, qui furent confiées, le 29 de ce mois, à Remy Kevers, secrétaire communal de Teuven. Ce dernier prit sa retraite à la fin de 1948 et, le 11 janvier, 1949, le Conseil communal procéda à la nomination, approuvée le 21 mars suivant par la Députation permanente, de M. Philippe Pinckers, actuellement en fonctions.

La principale préoccupation de l'édilité, au lendemain de son installation, fut en premier lieu l'amélioration du réseau voyer de la commune. Rémersdael ne possédait alors que des chemins vicinaux et seule la route de l'État allant d'Aubel à La Planck traversait le sud-ouest de son territoire.

Dès 1853, la construction de la route de Hagelstein par Obsinnig à Sinnich était envisagée. Le projet, dressé le 10 janvier 1854, fut adopté par le Conseil communal le 2 février et la route fut exécutée dans le courant de la même année. La réception eut lieu le 8 octobre 1855.

La section d'Obsinnig vers Epen fit l'objet d'interventions de la part de Teuven, qui aurait voulu voir cet accès à la frontière établi sur son territoire. Le 20 février 1857, le Conseil communal avait admis le principe de sa création et, le 20 avril 1859, il approuva les plans dressés le 30 mars 1857. L'adjudication se fit le 10 avril 1860. Les travaux entamés en juin furent interrompus pendant 18 mois à cause de la situation obérée de l'entrepreneur. Un arrêté du 4 juin 1862 de la Députation permanente en provoqua la reprise par les soins de son bailleur de fonds.

Le projet, en date du 18 avril 1869, de la route devant relier Obsinnig a Hombourg, fut admis par le Conseil communal le 21 août. La construction en fut commencée l'année suivante.

Le 10 décembre 1879, des plans furent dressés pour l'établissement d'une route allant de Crutzberg et Veurs à celle de l'État d'Aubel à La Planck et coupant l'extrémité Sud-Ouest de Rémersdael. Ils furent approuvés le 28 septembre. L'adjudication faite le 15 mars 1881 reçut l'approbation du Conseil le 18 mai suivant.

En 1870, un tronçon de route avait été créé entre le village et la Croix de Fer. Le 14 juin 1906, l'administration communale décida en principe sa prolongation par Mabroeck vers Merckhof et elle demanda, le 5 mars 1908, au gouverneur de la province d'en faire établir les plans. Ceux‑ci reçurent le 4 février l'approbation du Conseil qui, le 17 novembre 1913, approuva également l'adjudication faite le 14 de ce mois pour la somme de 69.735 frs. Les travaux furent arrêtés en 1914. Les conjonctures économiques de l'après‑guerre en empêchèrent la reprise immédiate et provoquèrent de nombreuses fois des suspensions dans leur poursuite. Le montant de l'adjudication fut porté en septembre 1919 à 196.669 frs. En outre, l'entrepreneur sollicita et reçut des indemnités supplémentaires du chef de l'augmentation croissante des salaires, des frais de transport, etc. Malgré la majoration des subsides accordés par l'État et la Province et en attendant leur liquidation, la commune se vit forcée de contracter des emprunts. En dépit de ses instances réitérées, le retard dans l'achèvement des travaux fut tel, que la réception définitive ne put en être effectuée que le 29 mai 1925.

Les pierres pour la construction des différentes routes furent en grande partie extraites des carrières ouvertes dans le Bois Rouge.

Le 11 août 1936, le Conseil communal approuva le projet d'amélioration de la route, allant de celle de l'État d'Aubel à La Planck, par Rémersdael à Sinnich et. le 5 février 1937, l'adjudication de ces travaux pour la somme de 445.301 frs 36 cmes. Commencés le 1er  avril suivant, ils étaient achevés le 18 octobre de la même année. Cette voie, fortement abîmée par le passage des blindés américains après l'offensive de von Rundstedt début de 1945, a été remise en état, en suite d'une décision dit Conseil communal en date du 13 février 1947. Rémersdael possède ainsi à présent une superbe route asphaltée qui le relie d'un côté à Teuven et à la Hollande, de l'autre aux grandes chaussées vers Aubel, Herve et Liège, vers Plombières et vers Visé.

L'instruction publique a été aussi, au cours des cent ans révolus, l'objet de la sollicitude des autorités communales.

L'édification de l'église actuelle occasionna aussi de graves soucis à l'administration communale. L'ancienne menaçait ruine depuis plusieurs années et l'architecte provincial, dans son rapport du 4 janvier 1869, avait déclaré qu'elle ne pouvait être restaurée et était d'ailleurs insuffisante pour la population. Le 7 de ce mois, le gouverneur invita la commune à envisager la construction d'une nouvelle. Les plans et devis, dressés par l'architecte L. Blandot de Huy prévoyaient une dépense de 70.000 frs, déduction faite de la valeur des matériaux de l'ancienne construction. La Commission royale des monuments approuva le projet, estimant qu'il était « heureusement conçu dans son ensemble » et proposant toutefois quelques modifi­cations, telles que le remplacement par des fenêtres des oculi dans le haut de la grande nef et du chœur. Ces changements provoquaient un supplément de dépenses de 3.000 frs.

Une première adjudication, le 29 novembre 1874, n'ayant donné aucun résultat, une seconde eut lieu le 15 janvier 1875. Une seule soumission fur présentée, émanant des entrepreneurs L. Dumont‑Ory et Walthère Goffin, qui fixaient le prix de 87.649 frs 73 cms, réduit à 86.000 frs par la reprise de matériaux de l'édifice à démolir. L'administration communale escomptait pouvoir réunir cette année cette somme de la façon suivante : subsides de l'État et de la Province, 28.500 frs ; intervention de la commune, 19.500 frs ; souscriptions particulières, 18.000 frs ; produits d'une coupe extraordinaire de bois, 10.000 frs ; prêt consenti par le Conseil de fabrique, 10.000 frs.
L'adjudication fut infirmée par la Députation permanente le 14 mai 1875, à cause de la différence avec l'estimation du devis. La construction ayant été autorisée par arrêté royal du 4 du même mois, le Conseil communal, en sa séance du 11 juin, décida d'introduire un recours au Roi.

Une nouvelle adjudication approuvée par le Conseil le 20 juillet 1875, ramena le coût de la construction à 83.500 frs. La Députation permanente ayant abandonné la jurisprudence suivie jusqu'alors de faire intervenir la Province pour 1/6 dans les frais de construction des édifices du culte et l'État réglant ses subsides d'après ceux de la Province, la commune se vit obligée d'augmenter son contingent, de manière à réduire à 11.000 frs le montant à combler par les subsides. La part de 72.500 frs lui incombant devait être formée par les ressources votées antérieurement, les souscriptions particulières, un versement de 2.400 frs du Conseil de fabrique et le produit de la coupe ordinaire de bois durant trois ans.

Un arrêté du 9 septembre de la Députation permanente vint encore infirmer l'acte d'adjudication, en invitant la commune à présenter un projet en rapport avec ses ressources. Il ordonnait en même temps une enquête sur le choix de l'emplacement projeté alors qu'un arrêté royal du 28 septembre 1874 avait autorisé le Conseil de fabrique à accepter la donation du terrain faite à cette fin.

Les formalités administratives enfin terminées, la construction put être commencée en avril 1876 et elle fut achevée en décembre 1879.

Une violente averse de grêle détruisit complètement, en juin 1888, la grande fenêtre surmontant l'entrée de l'église. La commune dut, pour son remplacement, aider financièrement le Conseil de fabrique, dont les ressources étaient insuffisantes pour y subvenir.

Comme la corniche du vaisseau et les fenestrages de la tour étaient en mauvais état et constituaient un danger, l'administration communale fit procéder le 25 janvier 1933, pour leur restauration à une adjudication dont le prix s'éleva à 22.928 frs.

La situation de la nouvelle église a provoqué le déplacement du cœur du village, dont les habitations s'éparpillaient de temps immémorial à l'entour du cimetière.

 

L'application du régime linguistique en matière administrative devait aussi causer de sérieux déboires à l'édilité de Rémersdael. Depuis l'érection en commune, elle avait toujours fait usage du français, les avis au public étant toutefois également rédigés en flamand. Le 11 mars 1931, elle demanda même à l'autorité provinciale d'accompagner d'une traduction flamande ses publications destinées à l'affichage.

Une pétition ayant été introduite à l'effet de voir employer le flamand dans l'administration locale, le Conseil refusa, le 8 juin 1931, de l'accueillir, étant donné les circonstances anormales dans lesquelles les signatures avaient été réunies. Un arrêté royal, en date du 18 juillet, annula sa délibération, comme contraire aux stipulations de la loi du 31 juillet 1921, le nombre des requérants dépassant la quotité requise et les signatures « présentant des garanties d'authenticité et de sincérité de l'aveu même de l'administration communale », et il ordonna de faire application de la loi susdite. Tout en prenant acte de cet arrêté, le Conseil, en sa séance du 10 novembre, protesta contre l'allégation de ce prétendu aveu, en contradiction avec les motifs invoqués dans sa délibération.

Comme les résultats du recensement de 1930 ne correspondant pas à la réalité, une pétition tendant à leur révision et signée par 96 % des chefs de famille, fut adressée au Ministère de l'intérieur. Le Conseil, appuyant cette requête, décida le 6 février 1935, de demander à pouvoir conserver le bilinguisme dans les avis au public et le français comme langue administrative. Le 11 avril 1936, il approuvait le projet de loi déposé par des parlementaires sur le bureau de la Chambre, qui devait permettre à la commune de choisir librement la langue dans ses services, comme avant la mise en vigueur de lit loi du 28 juin 1932.

Le régime linguistique imposé par cette loi méconnaissait les intérêts réels de la population qui s'y montrait hostile et cette opposition suscitait de nombreuses et incessantes difficultés. Aussi, le Conseil, en sa séance du 4 juin 1938, sollicita un régime d'exception tenant compte de la situation spéciale de la commune.

Appelée à justifier de l'emploi des deux langues dans ses avis au public, et considérant que les habitants parlant le patois local et classés comme flamands faisaient usage du français dans leur correspondance et leurs affaires, l'administration communale estima, le 31 août 1938, devoir continuer le système jusqu’alors en vigueur.

A la suite d'un contrôle exercé le 3 octobre 1940 à Teuven - dont le secrétaire desservait également Rémersdael et Fouron-Saint-Pierre - concernant l'application de la loi linguistique dans ces communes, les comptes rendus des délibérations du Conseil furent désormais rédigés en flamand. Il en fut de même, à partir de janvier 1942, pour les registres de l'état civil et il en est encore ainsi aujourd'hui.

Les tribulations de Rémersdael dans le domaine linguistique ne paraissent pas sur le point de cesser.

 

L'électrification de la commune, envisagée depuis longtemps par l'édilité, fut admise en principe le 24 mai 1922, pour être réalisée par une société coopérative intercommunale. Le 6 mars 1923, le Conseil demanda un projet d'électrification du territoire et, le 28 août, il décida de participer à la constitution de la société coopérative « Voer et Gulpe », groupant les communes de Fouron‑Saint‑Martin, Fouron‑Saint‑Pierre, Rémersdael et Teuven.

Cette participation fut autorisée par arrêté royal du 15 janvier 1924. Le 26 février suivant, le Conseil désigna trois délégués pour représenter la commune au sein de l'organisme susdit ; le 28 février 1925, il arrêta le règlement concernant l'installation du réseau et, le 2 juin, il adopta les tarifs de péage proposés par l'intercommunale. La distribution de courant commença durant l'hiver 1925‑1926. L'éclairage public, installé également a cette époque, a été modernisé récemment par l'emploi du néon.

 

La nécessité d'une distribution d'eau potable avait été reconnue depuis plusieurs années. Le 23 septembre 1930, l'administration communale pria le gouverneur de charger le service technique provincial des études préliminaires et, le 13 septembre 1933, il demanda l'élaboration d'un projet de captage d'une source située dans la propriété dit baron de Furstenberg. Vu la forte dépense qu' exigeait l'exécution de ce projet, il fut décidé, le 18 août 1934, d'y surseoir provisoirement.

L'emprise nécessaire pour la captation des sources, ‑ qui alimentaient autrefois les étangs de l'ancien château de Rémersdael. ‑ ayant été cédée gratuitement et l'entreprise devant être largement subsidiée, le Conseil communal approuva le 9 octobre 1935 le projet et, le 19 juin 1936, l'adjudication des travaux, qui furent terminés le 31 décembre.

Le 25 novembre 1936, il fut décidé de faire établir les plans d'une distribution d'eau, plans qui furent approuvés le 6 décembre 1937. L'exécution des travaux traîna en longueur et fut interrompue par la guerre. Le 5 décembre 1947, leur continuation fit l'objet d'une adjudication pour la somme de 5.468.944 frs 11 cmes. Ils furent achevés le 4 août 1949 et la réception provisoire en fut faite le 3 octobre. Avec les installations complémentaires, station de pompage, cabine électrique, etc., le coût total de l'établissement de la distribution d'eau atteignit près de 7 millions. Le règlement concernant ce service fit l'objet des délibérations du Conseil des 30 mars et 6 décembre 1949 et du 8 mai 1950.

 

Le 6 décembre 1938, l'administration communale a acquis, au prix de 50.000 frs, une maison très spacieuse au centre du village, afin d'y installer ses services, pour lesquels elle ne possédait pas de locaux appropriés à cette destination.

 

L'édilité et les habitants de Rémersdael ont toujours fait preuve d'un patriotisme ardent et. à plusieurs reprises, ils ont notamment témoigné de leur attachement à la royauté.

Le 11 août 1914, la garde civique du Saint-Trond, que les troupes teutonnes conduisaient prisonnière en Allemagne reçut une cordiale et généreuse hospitalité de la population de Rémersdael. Pour lui  témoigner sa reconnaissance, elle envoya, le 3 août 1919, une importante délégation remettre à l'administration communale un diplôme d'honneur portant 126 signatures et inaugurer le mémorial qu'elle avait fait placer à la façade du bâtiment d'école, servant aussi alors de maison commune.

 

Le 11 juillet 1921, le corps du soldat Joseph‑Hubert‑Godfroid Beuken, tombé au champ d'honneur à Hollogne s/Geer en 1914, fut ramené à Rémersdael, où un cortège formé des autorités, des combattants et des enfants de l'école alla l'accueillir à la gare. Une plaque à la façade du bâtiment susdit perpétue son souvenir et avoisine une autre mentionnant les noms des 13 soldats de Rémersdael qui prirent part à la guerre de 1914‑1918.

Le 16 octobre 1925, le Conseil communal accorda à l'État une concession à perpétuité pour la tombe d'un soldat russe, décédé à Rémersdael durant l'occupation.

La seconde guerre compta aussi un héros parmi les enfants de la commune : Joseph Straetmans, tombé au fort d'Aubin‑Neufchâteau le 20 mai 1940.

La création d'une pelouse d'honneur devant servir de lieu de sépulture aux anciens combattants de 1914‑1918 et de 1940‑1944 fut décidée par le Conseil  communal en séance du 15 décembre 1945. Le 29 août. 1946, il en adopta le plan et résolut d'y ériger un mémorial, dont l'exécution fut confiée à la firme Brunisso de Jupille et qui fut inauguré au cours de la même année.

A cette même date, l’assemblée décida également l'érection d'un monument à la mémoire du caporal cycliste Jean Geury de Herstal, à l'endroit proche de la ferme Middelhof , au matin du 10 mai 1940, il se fit tuer à sa mitrailleuse, alors qu'il protégeait la retraite de ses hommes. Le projet présenté par la maison Brunisso fut accepté le 13 février 1947. L'inauguration eut lieu le 11 mai, en présence de nombreuses autorités, notamment du général Jacques, ancien commandant de la brigade cycliste frontière, du major Tasse, représentant le Ministre de la Défense nationale et du major de réserve Bonjean, ancien commandant de la compagnie de Hombourg, dont faisait partie le caporal Geury. Un imposant cortège s'était formé au village (pour se rendre au monument; il comprenait les associations patriotiques de la région, de Liège et de Herstal, la Fraternelle des gardes frontière, les harmonies de Rémersdael et de Hombourg, les sociétés locales et les enfants des écoles. Plusieurs discours furent prononcés, entre autres par M. Léopold Cravatte, instituteur en chef, par M. Bissot, commissaire d'arrondissement, par M. Andrien, bourg­mestre de Herstal, et par le major Bonjean. Le général Jacques épingla ensuite sur la poitrine de la fillette du héros les diverses distinctions qui lui avaient été décernées.

 

En dehors de ses routes, la commune de Rémersdael est restée longtemps dépourvue de moyens de communication et demeurée de ce chef dans un isolement fâcheux.

 

La construction par les Allemands, durant la guerre 1914‑1918, du chemin de fer de Tongres à Aix‑la‑Chapelle a amené le déplacement de la jonction des routes de Hombourg et de Teuven, où a été établie la station dont Rémersdael a été doté.  Cette ligne, ouverte au trafic belge en 1919 jusqu' à la nouvelle gare de Montzen, franchit la vallée de la Gulpe, près de Middelhof sur un viaduc de 384 m. de long, comprenant 12 arches de 40 m. de hauteur.

La Société nationale des Chemins de fer vicinaux avait envisagé, en 1931 et en 1936, la création de lignes d'autobus, qui devaient passer par Rémersdael. Ces projets sont malheureusement restés lettre morte et le village n'est encore desservi actuellement que le mardi et d'une façon peu pratique par l'extension du service Verviers‑Aubel.

La commune, précédemment comprise dans la circonscription postale d’Aubel, fut rattachée en 1937 à celle de Fouron‑St‑Martin. En sa séance du 2 juin, le Conseil communal insista auprès de l'autorité compétente pour le maintien de la situation antérieure, en lui demandant «de n'opérer aucun changement en la matière sans s'être préalablement assurée de l'opportunité d'une telle mesure par une enquête impartiale et approfondie sur place ». Ce changement avait d'ailleurs mécontenté la popu­lation, qui y voyait, non sans raison, une nouvelle étape dans la séparation de la localité de la zone verviétoise pour la rattacher au pays flamand. Pareille chose a été faite notamment pour le service forestier et les bois de la commune relèvent actuellement de l'inspection de Hasselt.

Au début de 1946, une sous‑perception postale flamande a été établie dans le village, dont les habitants souhaitaient plutôt l'installation d'un bureau bilingue.

L'administration communale a mis à la disposition de ses administrés, depuis le1er janvier 1937, un poste téléphonique public.

 

La vie à Rémersdael, bien que parfois légèrement troublée par des menées d'ordre linguistique, écrit Grondal en 1953, a toujours été fort paisible et la chronique des cent dernières années ne mentionne aucune catastrophe, aucune calamité ayant frappé spécialement la commune Les bâtiments incendiés qui se voient sur la route du village à Obsinnig évoquent toutefois un drame sanglant. Dans la soirée du 10 août 1946, les époux Campo‑Nix et leurs deux fillettes de 4 ans et de 10 mois furent cruellement assassinés et le feu mis ensuite à la ferme. Ce crime affreux, qui provoqua dans toute la contrée une émotion indicible, demeura un mystère et le ou les auteurs n'en purent être découverts.

Rémersdael peut se flatter en somme d'avoir vécu un siècle d'une félicité relative, à l'abri de graves vicissitudes. Comme les peuples, les villages heureux n'ont pas d'histoire. Puisse la population, demeurant attachée à la foi de ses ancêtres, continuer son existence tranquille et la commune, sous l'égide d'une administration vigilante et dévouée, connaître un second siècle de concorde et de prospérité !