Le comte Frédéric d'Eynatten, dernier de la branche de Rémersdael

 
 

Frédéric d'Enynatten naquit le 1er  avril 1677.

Son père, Guillaume‑Théobald d d'Eynatten, était seigneur de Rémersdael, fils de Jean-Henri, qui avait acquis en 1648, en indivis avec soit cousin Winand d'Eynatten d'Obsinnig, la seigneurie hautaine de Hombourg. Sa mère était Catherine-Elisabeth d'Eynatten d'Obsinnig, fille de ce dernier. Après la mort de son père et de son oncle Jean‑Théobald d'Obsinnig, il réunit entre ses mains les trois seigneuries.

Le 24 septembre 1700, Frédéric d'Eynatten s'allia à la comtesse Claire‑Joséphine d'Aspremont –Lynden, baronne de Froidcourt (Stoumont), dame de Wégimont, de Melen, de Harzé, etc.

Par la mort de sort beau-père, il devint en 1701 haut forestier du marquisat de Franchimont. En 1702, il fut reçu gentilhomme de l’État noble du pays de Liège, dont il fut plus tard député, et, en 1708, il succéda à son père comme membre de l'État noble du Limbourg. Ami du comte de Corswaren, qui ne possédait pas de biens dans cette dernière province, il lui céda ou fit semblant de lui céder une partie de son domaine de Rémersdael, afin de le faire recevoir également membre de l'État noble du duché, où il fut admis en 1709.

Le comte Frédéric joua un rôle important au sein de cette assemblée. Il était un homme remarquable par son esprit, son éloquence, sa personne, mais d'un caractère vif et emporté.

En 1711, il fut député à Francfort par les États du Limbourg pour porter leurs plaintes à l'empereur Charles VI au sujet des agissements du baron de Villers, receveur général des domaines et du comte de Sintzendorf, gouverneur des Pays-Bas. Il s'y disputa avec ce dernier et l'empereur demanda l'envoi d'une délégation à Vienne pour lui faire l'exposé des griefs.

Rentré dans le Limbourg,  Frédéric d’Eynatten réunit les États qui le députèrent auprès du monarque, avec le comte de Corswarem. Des dissensions s'étant produites dans ce parlement, dont divers membres n'approuvaient pas la députation, il laissa son compagnon poursuivre seul l'accomplissement de leur mandat et revint dans le duché pour soutenir son parti qui, grâce àl son ascendant, formait la majorité.

Dans une réunion tenue à Henri-Chapelle en janvier 1716, le Comte d'Eynatten fut envoyé de nouveau à Vienne, avec l'abbé de Rolduc, pour détourner l'empereur du dessein de céder la province du Limbourg à l'Électeur palatin Jean-Guillaume de Neubourg. Entré dans la capitale malgré la défense qui lui en avait été faite à l'instigation du comte de Sintzendorf, il reçut l'ordre de quitter la ville et, pour pouvoir y rester, il eut recours à l'impératrice douairière, mère de Charles VI. Ayant dressé un mémoire contraire au but de la députation, il entra en désaccord avec l'abbé de Rolduc, ce qui mit fin à leur mission. Il fut exclu provisoirement des États par sentence en date du 14 août 1716du Tribunal souverain de Henri‑Chapelle.

Le comte Frédéric d'Eynatten avait contracté de lourdes et nombreuses dettes, qui le forcèrent à hypothéquer et à aliéner une grande partie de ses biens. C'est ainsi que le 11 novembre 1704, il chargea sa seigneurie de Rémersdael d'une rente annuelle de 1200 florins au profit du baron Denis‑Christophe d'Ursin, seigneur d'Outrelouxhe (lez‑Nandrin). Vers la même date, il vendit la seigneurie de Melen et, le 14 mars 1708, le domaine de Wégimont. Le 21 septembre 1717, le drossard de Hombourg, Jean Putters, emprunta pour son compte la somme de 7000 écus à Anne Piron, épouse de Lambert Franquinet de Hodimont.

Le 26 octobre 1721, Marie‑Anne d'Eynatten, sœur de Frédéric, et ses tantes, Barbe‑Josine et Anne‑Françoise d'Eynatten, renoncèrent a leurs droits sur Obsinnig, qui leur venaient de leur oncle et frère Jean‑Théobald. d'Eynatten, pour permettre la vente de ce domaine par le comte Frédéric d' Eynatten.

Celui-ci céda ses biens dans la région à sa cousine la baronne Marie‑Anne‑Louise‑Thérèse de Hochsteden. L'acte de vente fut passé à Aix‑la‑Chapelle, le 27décembre 1721, par devant le notaire Jean‑Guillaume de la Haye. Les témoins étaient : le Révérend Nicolas‑Jacques Jardon, Georges Moll, docteur ès droits, syndic de la ville, l'avocat Jean‑François Bragart, greffier de la haute cour de Limbourg, et Jean Putters, drossard de Hombourg. La vente était consentie pour une somme de 66.000 patacons soit 264.000 florins Brabant. Elle comprenait :

1. La seigneurie avec haute, moyenne et basse juridiction de Hombourg et la cense nommée Sourbroot ou Drieschen (aujourd'hui Ten Hof), sous le ressort de la cour féodale de Limbourg;

2. Les seigneuries foncières de Rémersdael, avec le droit de sépulture dans l'église et de collation du bénéfice, et de Lanckvelt, la cense nommée Roersberg et les deux censes de Boenraedt‑Opsinnich et de Boenraedt‑Laverne (ou Nieuwbouw), ressortissant à la cour de Fauquemont;

3. La seigneurie foncière d'Obsinnig, avec le droit de sépulture dans l'église de Sinnich, et la cense nommée Middelhof, relevant de la Cour foncière de la dite seigneurie ;

les dites seigneuries avec tous les biens en dépendant, châteaux, terres, bois, étangs, etc., ainsi que les droits y attachés de chasse, de pêche, de collation des charges, etc.

Le comte Frédéric abandonna alors le Limbourg pour fixer définitivement sa résidence à Harzé, au duché de Luxembourg, dont il agrandit le château par diverses constructions. Ses vexations et son despotisme indisposèrent les habitants qui conservèrent longtemps de lui un souvenir odieux. Devenu colonel d'un régiment de dragons pour l'électeur de Bavière, il saisit cette occasion de quitter Harzé. La comtesse accompagnait son mari dans les déplacements de son service militaire. Leur situation financière ne leur permit pas de conserver les biens de Harzé qu'ils avaient mis en location en 1732 et qu'ils aliénèrent en 1738.

Le comte Frédéric d'Eynatten décéda en 1747 sans laisser de postérité. Sa mort marquait l'extinction de la branche de Rémersdael de l'important lignage des Eynatten qui, originaire de la localité de ce nom, avait étendu par des alliances ses ramifications dans toute la contrée.

G. Grondal.