La cour de Lanckvelt

 
 

Lanckvelt ou Langveld, dont le nom équivaut à «Long­ champ», appellation qui ne se rencontre pas dans les documents, était un fief de Fauquemont. C'est devant la cour féodale de cette seigneurie, érigée en comté par l'empereur Charles IV en 1357, qu'à chaque changement de possesseur, le relief devait être opéré. Cette cour était établie dans la ville de Fauquemont, mais lorsqu'en 1661 le partage de la seigneurie entre les Provinces-Unies et le roi d'Espagne eut attribué cette ville à la Hollande, elle fut transférée en territoire espagnol, d'abord à Vieux‑Fauquemont, puis à Schin‑op‑Geul et enfin, en, 1763, à Hoensbroeck, qui était la résidence du haut drossard. Ses sentences étaient sujettes à appel devant la cour féodale de Brabant.

Le fief de Lanckvelt, d'une étendue d'environ 30 bonniers, comprenait, outre la ferme de ce nom, des terres cédées à des tenanciers, qui les détenaient héréditairement moyennant le paiement d'un cens annuel. Il possédait, pour l’administration  de ces biens-fonds, une cour de justice dite foncière ou censale.

Au début du XVe siècle, Lanckvelt est en la possession d'Arnold van den Dryessche, qui ligure comme échevin de la  cour du chapitre de Notre‑Dame d'Aix‑la‑Chapelle dans l'acte du 1er  novembre 1368 rapporté dans la notice concernant l'avouerie. Son fils, Jean‑Scheiffart, le vend à Goswin de Doenraedt,  qui en fait le relief en 1419.
                                                                                          
Goswin de Doenraedt, ou son père de même nom, fut fait prisonnier à la bataille de Baesweiler. Il y combattait sous la bannière du burgrave de Dalhem, capitale du comté, où sa famille était établie. Les Doenraedt possédaient encore d'autres biens à Rémersdael dont il sera question dans la notice suivante.

En 1537, Lanckvelt est passé dans les mains d'Arnold d'Eynatten de Rémersdael qui en fait opérer le relief par son frère Jean d’Eynatten d’Obsinnig. Son fils Thierry relève à son tour en 1560.

Guillaume de Gulpen, seigneur de Rémersdael, frère de Marie, qui s'était alliée à Michel d'Eynatten, avait laissé un fils Jacques, également seigneur de Rémersdael. Sa fille Marie épousa en 1577 Antoine de Falloise, seigneur de Rotbem, près de Maeseyck. Leur fils Jean releva Lanckvelt le 28 mars 1602, puis le vendit à Jean d'Eynatten, qui le céda à son frère Michel d'Eynatten d'Obsinnig.

Antoine de Falloise, frère de Jean, voulut en opérer le retrait lignager, par lequel le droit féodal permettait à un membre du même lignage de rentrer en possession d'un bien aliéné par un parent, moyennant le remboursement du prix de vente. L'affaire fut portée devant la cour féodale de Fauquemont, qui attribua le fief à Michel d'Eynatten d'Obsinnig, lequel fit relief le 9 novembre 1606. Cette sentence fut confirmée par la cour féodale de Brabant le 4 septembre 1610.

Michel d'Eynatten d'Obsinnig céda Lanckvelt à Henri d'Eynatten de Rémersdael. Le relief en fut fait le 4 juin 1619, en même temps que celui de la seigneurie de Rémersdael, pour le fils de ce dernier, Guillaume d'Eynatten. Après son décès, il passa à son frère, Jean-Henri d'Eynatten de Rémersdael et partagea dès lors les destinées de cette seigneurie.